TORONTO, le 5 mai 2016 – Les 11 membres du Conseil canadien des défenseurs des enfants et des jeunes (CCDEJ) se sont exprimés pour faire connaitre la 65e Semaine de la santé mentale de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), qui se déroule du 2 au 8 mai 2016.
Les membres du CCDEJ saluent la force et le courage dont les enfants et les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale font preuve partout au pays. Chaque jour, ils viennent nous parler, et nous connaissons les difficultés qu’ils doivent surmonter.
Le CCDEJ reconnait que le public est de plus en plus sensibilisé à la santé mentale des enfants et des jeunes du Canada, dont il se soucie davantage. Pour répondre à ses préoccupations, le gouvernement fédéral ainsi que celui de plusieurs provinces et territoires ont mis en place des plans d’action, des stratégies et des politiques visant à améliorer la santé mentale de nos enfants et de nos jeunes. Pourtant, malgré toutes ces mesures et initiatives, beaucoup d’entre eux ne reçoivent pas les services en santé mentale dont ils ont besoin.
Les enfants, les jeunes et leurs familles nous confient directement les problèmes et les obstacles auxquels ils sont confrontés lorsqu’ils veulent obtenir de l’aide. La plupart d’entre eux ne savent tout simplement pas où en trouver, et dans certaines régions, aucun service n’est offert. Dans d’autres, il est impossible d’obtenir une évaluation psychologique ou de recevoir certains traitements localement; les enfants et les jeunes doivent donc quitter leur famille et leur localité natale pour suivre le traitement dont ils ont besoin, ce qui peut aggraver leur état de santé mentale. Dans bon nombre de régions, le délai d’attente des services peut atteindre plusieurs mois, ou même des années; pendant ce temps, le trouble de l’enfant ou du jeune n’est pas traité et son état peut se détériorer. Dans plusieurs provinces et territoires, les services offerts aux enfants et aux adultes sont séparés, et les jeunes qui atteignent l’âge de la majorité perdent parfois dans la transition l’accès à des services dont ils ont besoin. Il est souvent difficile de s’y retrouver dans le système, et les services ainsi que leurs fournisseurs ne sont pas suffisamment coordonnés.
Malheureusement, ce sont les enfants et les jeunes canadiens les plus vulnérables qui en souffrent le plus. Beaucoup d’enfants pris en charge par le gouvernement ont des besoins en matière de santé mentale complexes et difficiles à satisfaire, qui ne sont pas comblés. Les jeunes autochtones, qui sont surreprésentés dans les organismes de protection de la jeunesse, souffrent donc également davantage du manque de services et de la difficulté d’accès aux programmes, puisque beaucoup d’entre eux vivent dans le Nord ou dans des réserves, là où le manque de services est le plus criant.
Le document d’information ci-joint rassemble des exemples donnés par les membres du CCDEJ, qui décrivent ce que vivent les enfants et les jeunes partout au Canada lorsqu’ils essaient d’avoir accès à des services en santé mentale.
L’expérience concrète des enfants et des jeunes atteints de troubles de santé mentale diffère radicalement des promesses et des déclarations de principes du gouvernement. Même si de plus en plus de gens sont sensibilisés à l’importance d’une bonne santé mentale et connaissent les conséquences des problèmes de santé mentale non traités, beaucoup d’enfants et de jeunes ne reçoivent pas les services dont ils ont besoin.
Il faudra un effort concerté et des mesures concrètes pour faire en sorte que les services nécessaires soient offerts : promotion de la santé mentale et du bienêtre, intervention précoce, évaluations rapides et mise en place de services adaptés à la culture et offerts près de la maison et de la localité. Le CCDEJ demande aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de collaborer pour combler le gouffre entre les promesses et la réalité. Les enfants canadiens méritent d’être heureux et en santé.
La santé mentale des enfants et des jeunes au Canada:
On estime que 10 à 20 % des jeunes canadiens seraient atteints d’un trouble de santé mentale. Un nombre bouleversant de jeunes entre 12 et 19 ans – 3,2 millions – sont susceptibles de faire une dépression, et 5 % des jeunes hommes et 12 % des jeunes femmes ont vécu un épisode dépressif majeur. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les Canadiens de 15 à 24 ans, derrière les accidents. Le taux de suicide chez les jeunes au Canada est le troisième en importance parmi les pays industrialisés. De plus, de nombreux problèmes de santé mentale se manifestent durant l’enfance ou l’adolescence; 70 % des jeunes adultes atteints de troubles de santé mentale se souviennent que leurs symptômes sont apparus pendant l’enfancei.i
L’état de santé mentale s’inscrit dans un continuum : les problèmes de santé mentale se transforment en troubles de santé mentale débilitants, et peuvent nuire au développement normal des enfants et des jeunes, à leur vie à l’école ainsi qu’aux relations qu’ils entretiennent avec les gens qui les entourent (dont les membres de leur famille et leurs amis), les empêchant de réaliser pleinement leur potentiel. Sans une intervention précoce efficace, les problèmes de santé mentale apparaissant à l’enfance et à l’adolescence peuvent avoir des effets à long terme qui touchent également les familles et communautés des personnes atteintes.
Il est crucial de poursuivre la lutte contre les troubles de santé mentale des enfants et des jeunes, et de promouvoir leur bienêtre. Pour que leur santé mentale s’améliore, nous devons absolument encourager la prévention en faisant la promotion de la santé mentale et effectuer des interventions précoces pour traiter les problèmes de santé mentale dès leur apparition. Une bonne santé mentale aide à faciliter le passage de l’enfance à l’âge adulte, à relever avec succès les défis de l’adolescence, et à établir des bases solides sur lesquelles bâtir sa vie. La détection précoce des problèmes de santé mentale et un soutien adéquat aident les enfants et les jeunes à avoir une meilleure qualité de vie, toute leur vie.
On estime que seulement un enfant canadien sur cinq obtient les services de santé mentale dont il a besoin.ii
iAssociation canadienne pour la santé mentale, http://www.cmha.ca/news/cmhas-62nd-annual-mental-health-week/#.VxZorqu9dUM
iibid.
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À propos du Conseil canadien des défenseurs des enfants et des jeunes
Le Conseil canadien des défenseurs des enfants et des jeunes est une alliance d’intervenant-e-s en faveur des droits des enfants et des jeunes mandatés à ce titre par la loi. Ces intervenant-e-s peuvent s’acquitter de leurs fonctions à divers titres (p. ex. défenseur, représentant, ombudsman, commissaire), mais tous sont des représentants officiels de leur province ou de leur territoire respectif. Tous les membres du CCDEJ sont des titulaires de charge publique indépendants qui relèvent directement de l’assemblée législative de leur province ou de leur territoire respectif. Aux termes de la loi les régissant, chacun des bureaux des membres du CCDEJ est indépendant de l’autorité ou du contrôle du gouvernement. Le Conseil compte des membres provenant de neuf provinces : Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et Labrador, Nouvelle-Écosse, Ontario, Québec et Saskatchewan, et de deux territoires : Nunavut et Yukon.